03/01/2023
« Après la réalisation et la parution de vous m'avez fait chercher (2021), je pensais faire une longue pause, peut-être même ne plus jamais écrire de livre. Cependant, lorsque j'ai appris la nouvelle de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, quasi instantanément, et comme irrésistiblement, j'ai commencé d'improviser flirt avec elle, il me semblait que je devais transcrire au jour le jour l'horreur que cette guerre m'inspirait, pour repousser les limites de mon écriture. »
J'avais dix-huit ans et j'étais amoureux. Ma vie n'avait qu'un seul but : la traduire. Mais comment trouver les mots justes pour la forme de la forme de ses seins? pour le secret du secret de son sourire? pour la profondeur ineffable de son regard sombre? Je voulais la traduire comme on traduirait un poème d'une langue qu'on aime - mais qu'on ne comprend pas. Je voulais écrire sur elle - et sur elle. Je voulais décrire ses lèvres - et ses lèvres.
Je voulais, pour toujours, la tenir toute entière sur le bout de ma langue.
Malheureusement, les premiers amours, aussi éloquents soient-ils, ne sont jamais que les préludes des premières défaites.
petite bande est dans les doigts.
petite bande est la main.
petite bande c'est les morts qui nous poussent dans la main.
la main écrit dans la bouche avec la petite mort. toutes les paroles viennent mourir dedans nos écrits. petite bande c'est les langues. petites langues qui nous poussent dans l'écrit.
C'est un livre sur les voix, des voix enregistrées qui continuent d'émettre au présent, sur l'expérience de la perte et sur certaines ondes qui nous touchent.
Je veux savoir.
Savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir.
Je veux être simple.
Ceux qui savent sont simples.
Paul Cézanne
Cette nouvelle édition de Cézanne, un grand vivant, est précédée d'un texte inédit de Charles Juliet, Cézanne, un chercheur d'absolu.
Je ne sais pas si je passe bien dans le paysage.
Ce livre est la dactylographie réalisée par Jean-François Stévenin entre 1971 et 1972, onomatopéïquement et grammaticalement élaborée par l'auteur à l'écoute de sa voix enregistrée sur minicassettes, son journal de bord de chaque soir. Six cassettes relatant la préparation et le tournage de Das Unheil (Les Cloches de Silésie), le film de Peter Fleischmann, sorti en France en 1972, dont Jean-François Stévenin fut l'assistant en 1970. Ses réflexions au moment où il frappe le texte sont en italiques.
Lire les Pensées de Pascal, c'est faire l'expérience d'un désordre dont nous sommes inconsolables. Depuis le déchiffrement des papiers laissés par l'auteur et les embellissements de la première édition, jusqu'aux plus récentes tentatives d'organiser ces fragments, on a choisi de redonner ici les étapes d'une lecture aventureuse. C'est la vie même de Pascal, énigmatique elle aussi, qui apparaît alors par bribes au fil de la lecture : anecdotes, objets, lettres, rares témoignages. Dans ce fouillis prodigieux, le lecteur des Pensées reconnaît son propre trouble.
Un homme veut raconter sa vie.
C'est plus difficile qu'il ne le pensait.
Pourquoi la raconter¿ ? s'inquiète-t-il.
Qu'est-ce que ça peut bien nous faire ?
Ma punition, c'était cette case si fade et si datée dans la nouvelle terminologie de nos espèces : Assignée femme.
Il n'y a pas meilleur endroit que la campagne pour écrire des polars ruraux. C'est pour cette raison que Gabert s'exile dans la Haute-Loire pour inventer en paix les horreurs de son monde noir. Il va découvrir la vie au village, les vérités de la grosse Claudine, les désarrois de Lune, les jeux de Marsou le Preste, et la verdeur de la petite Magali. Il apprend un nouveau rythme et de nouvelles façons d'être, mais de loin, Jeune-Vieille et Paris veillent sur lui.
Ma punition, c'était cette case si fade et si datée dans la nouvelle terminologie de nos espèces : Assignée femme.
Une femme parle et un homme se tait.
L'Art Poetic' est un recueil de poèmes 'en série qualifiée', sorte de mise en vers de la grammaire du 'bon usage'. Olivier Cadiot s'appuie sur un système de répétition détournée du mot qui prend tour à tour toutes les formes que la syntaxe et le sens veulent bien lui donner. Et des détours par la langue latine, l'Angleterre, la musique.
Une extraordinaire aventure
Le Passaic, et les Chutes
(n - 1)
Bla-bla-bla
Invented Lives
Delenda est Carthago
Voyages anciens
La Dame du Lac
Futur, ancien, fugitif
The West of England
L'Anacoluthe
Corriere della sera
The Tempest
Pai-i-sa-ge
Davy Crockett ou Billy the Kid auront toujours du courage.
C'est le nom d'un bout de l'autoroute qui relie Paris à Saint-Pair-sur-Mer, dans la Manche, et tous mes souvenirs.
Je l'ai enfin suivie plus loin, jusqu'en Bretagne, pour y retrouver un témoin de la mort accidentelle de mon petit frère, à l'âge de deux mois : une Bretonne qui avait vingt ans lorsqu'elle a découvert Paris en 1968, s'y est fabriqué des souvenirs et cherche encore, elle aussi, la vérité sur cette mort.
Je sentais que j'avais fait quelque chose qui ne serait plus jamais à faire, quelque chose d'unique et d'interdit. Aujourd'hui, même si ce n'est pas agréable, je vais raconter cette histoire jusqu'au bout.
' Suivez cette voiture. ' Des générations de détectives ont donné cet ordre à des chauffeurs de taxi ou l'ont entendu de leurs commanditaires. Pour des sex detectives, l'exhortation serait plutôt : ' Suivez ce fantasme ', qu'on pourrait traduire aussi par ' Suivez ce fantôme ', tâche encore plus complexe.
« Rien n'est plus au secret de la matière, rien n'est plus proche de la vie profonde de la nature, rien n'est plus au coeur de la physique - que le mystère verbal. C'est dans les mots réversibles que notre langue - comme toutes les langues - en sait le plus. Passage, renouveau, mutation, retour, renaissance, métamorphose, naissent d'un faux pas, d'une chute, d'une inversion, passent par la perte de l'équilibre. C'est traversée par le déséquilibre - et comme passant par un pont vide - comme prise en faute, touchant sa limite - que la pensée reprend son élan, dans les rosaces, les rondes et les litanies du drame de la vie. Livre d'un terrassier. De la difficulté d'en sortir indemne, sauf à partir soudain à la recherche du roman perdu. » (V. N.)
Valère Novarina a conçu ce qu'il appelle un « roman nominaire ». Un grand texte d'appel, de convocation, dans lequel les noms se succèdent, s'interpellent, s'interrogent, se déclinent, s'inventent et se racontent. Noms humains ou déshumains, différentes nominations de Dieu, des espèces, du vivant. Véritable tour de force poétique, la seule litanie des noms crée un univers romanesque et théâtralisé. Où « L'Infini Romancier » concurrence « Le Coureur de Hop », et converse avec « La Femme Octocéphale ». Le texte révèle l'obsession au coeur de cette machine dramatique : « examiner toutes les langues de près, sans en croire un seul mot, regarder chaque passage, les interroger comme des tables de multiplication venues mettre au jour la lettre de trop embusquée dans l'alphabet de je suis. »
Le texte est accompagné d'une série de 635 dessins de Valère Novarina.
Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs. Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche.
Alors, dès cet instant, l'adolescente entre dans la photographie comme la foudre, et ce qui suit s'appelle une légende. Comme si on avait tendu un violon à un novice et qu'une sonate était sortie d'un coup.
Se donner des ordres à soi-même, comme Léonard de Vinci. Désobéir aux ordres que l'on se donne à soi-même, contrairement à Léonard de Vinci. Être exemplaire. Être ordinaire. Ne plus être soi-même, devenir ce que l'on rêve d'être. Abandonner toutes ses manies. Finir sa vie dans le jardin anglais de Münich à regarder les jeunes gens surfer sur une seule vague. Ne plus fumer, ne plus boire d'alcool, ne plus manger que des pommes et du riz.
Si la seule idée d'un Dieu ne me faisait pas rire, je rendrais bien ici quelques oracles, quelque parole inspirée, quelque évangile enluminé qui réconcilierait les autruches effarées, les sauterelles rongeuses, les guitaristes mystiques, les filles à la blondeur boréale, les mères oublieuses de leur première portée, les pères devenus prédicateurs de salon, tous les ergs et les regs du N'mab, et même le souvenir, toujours fou en moi, toujours miraculeux, du garçon qui a trahi son ami pour les lumières de la ville.
Une bête, autrement plus sauvage que les bisons et les loups, franchit le mur de la Wild French Reserve.
Eva-Lou, jeune recrue de la WFR, veut être la première à l'atteindre de sa carabine. Nassim, journaliste écolo, veut faire son portrait avant tout le monde. Mais que veut la bête ?
Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça ? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été ?